Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/32

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Il ne faut pas oublier que ces régions de l’Oubanghi sont fréquentées par des tribus nomades, venues de l’Adamaoua ou du Barghirmi à l’ouest, ou même de l’Ouganda à l’est. Une caravane de trafiquants n’aurait pas été assez imprudente pour signaler sa présence par ces feux multiples, se mouvant dans des ténèbres. Seuls, des indigènes pouvaient s’être arrêtés à cette place. Et qui sait s’ils n’étaient pas animés d’intentions hostiles à l’égard de la caravane endormie sous la ramure des tamarins ?

Quoi qu’il en soit, si, de ce chef, quelque danger la menaçait, si plusieurs centaines de Pahouins, de Founds, de Chiloux, de Bari, de Denkas ou autres n’attendaient que le moment de l’assaillir avec les chances d’une supériorité numérique, personne, — jusqu’à dix heures et demie du moins, — n’avait pris aucune mesure défensive. Tout le monde dormait au campement, maîtres et serviteurs, et, ce qui était plus grave, les porteurs chargés de se relever à leur poste de surveillance étaient plongés dans un lourd sommeil.

Très heureusement, le jeune indigène se réveilla. Mais nul doute que ses yeux ne se fussent refermés à l’instant s’ils ne s’étaient dirigés vers l’horizon du sud. Sous ses paupières demi-closes il sentit l’impression d’une lumière qui perçait cette nuit très noire. Il