Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/50

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se retournèrent, dos à la forêt. Ce n’étaient plus les clartés qui attiraient leur attention. D’ailleurs, comme au souffle d’un subit ouragan, les torches venaient de s’éteindre, et de profondes ténèbres enveloppaient l’horizon.

Du côté opposé, une rumeur lointaine se propageait à travers l’espace, ou plutôt un concert de mugissements prolongés, de ronflements nasards, à faire croire qu’un orgue gigantesque lançait ses puissantes ondes à la surface de la plaine.

Était-ce un orage qui montait sur cette partie du ciel, et dont les premiers grondements troublaient l’atmosphère ?…

Non !… Il ne se produisait aucun de ces météores, qui désolent si souvent l’Afrique équatoriale d’un littoral à l’autre. Ces mugissements caractéristiques trahissaient leur origine animale et ne provenaient pas d’une répercussion des décharges de la foudre échangées dans les profondeurs du ciel. Ils devaient sortir plutôt de gueules formidables, non de nuages électriques. Au surplus, les basses zones ne se zébraient point des fulgurants zigzags qui se succèdent à courts intervalles. Pas un éclair au-dessus de l’horizon du nord, aussi sombre que l’horizon du sud. À travers les nues accumulées, pas un trait de feu entre les cirrus, empilés comme des ballots de vapeurs.