Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’Océan Arctique, pour établir la ligne de démarcation entre l’Alaska et la Puissance du Dominion. Mais peut-être n’est-on pas fixé d’une façon aussi précise relativement à la limite méridionale qui dévie et se recourbe de manière à envelopper les îles riveraines.

En jetant les yeux sur une carte de l’Alaska, on remarque que le sol est plat sur sa plus grande étendue. Le système orographique ne s’y accuse que dans le sud. Là débute la chaîne de montagnes qui se continue à travers la Colombie et la Californie sous le nom de Cascade Range.

Ce qui frappe plus particulièrement, c’est le cours du Yukon. Après avoir arrosé le Dominion en se dirigeant vers le nord jusqu’au fort Cadahi, après l’avoir silloné de ses affluents et sous-affluents, immmense réseau hydrographique où s’entrecroisent le Pelly, le Big Salmon, la Hootolinga, le Stewart, le Sixty Miles, le Forty Miles, l’Indian River, le Klondike, ce magnifique fleuve décrit une courbe jusqu’au Fort Yukon, pour redescendre vers le sud-est, et verser ses dernières eaux à Saint-Michel dans le bassin de la mer de Béring.

En somme, ce Yukon, c’est le fleuve de l’or par excellence. Avec ses tributaires, il sillone les gisements les plus riches de l’Alaska et du Dominion, et que de pépites flotteraient à leur surface, si elles pouvaient flotter !

Ce Yukon est supérieur au Père des Eaux, au Mississipi lui-même. Il ne débite pas moins de vingt-trois mille mètres cubes à la seconde, et son cours s’étend sur deux mille deux cent quatre-vingt-dix kilomètres, à travers un bassin dont la superficie comprendrait un million de kilomètres carrés[1].

Si les territoires qu’il parcourt ne sont pas susceptibles de culture, l’aire forestière y est très considérable. Ce sont particulièrement d’impénétrables bois de Cèdres jaunes, où le monde entier pourra se fournir, si les forêts venaient à s’épuiser. Quant à la faune, elle a pour représentants l’ours noir, l’orignal, le caribou, le tebai, ou brebis de montagnes, le chamois à long pelage blanc, et c’est par myriades que se développe le gibier de plume, gélinottes, bécassines, grives, perdrix des neiges, canards si nombreux qu’ils eussent suffi à l’alimentation de la population indigène au temps de la découverte.

Les eaux qui baignent cet immense périmètre de côtes ne sont pas moins riches en mammifères marins et en poissons de toute espèce. Il en est un, le harlatan, qui mérite d’être signalé pour l’usage qu’on en peut faire. Il est tellement imprégné d’huile, qu’il suffit de l’allumer pour s’éclairer comme d’une chandelle, d’où ce nom de « Candle fish » que lui ont donné les Américains.

  1. Deux fois la superficie de la France (note de l’auteur).
107