Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/111

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Quant à Summy Skim, il se répétait parfois :

« Tout cela est parfait ! Très bien la Bonanza, l’Eldorado, le Bear, le Hunker, le Gold Bottom ! Mais il s’agit pour nous du Forty Miles, et je n’entends pas plus parler de ce Forty Miles que s’il n’existait pas ! »

Il existait, cependant, et la carte de Bill Stell l’indiquait exactement comme tributaire du Yukon en aval de Dawson-City.

En vérité, c’eût été une déplorable malchance que oe Forty Miles Creek n’ait pas apporté sa quote-part au rendement aurifère du Klondike, lequel, d’après le rapport de Mac Donald, n’avait pas produit moins de cent millions de francs pendant la campagne comprise entre mai et septembre de l’année 1898.

Et comment Ben Raddle, sinon Summy Skim, aurait-il pu douter de la richesse de ce district, dont la réputation ne pouvait être surfaite, et qui provoqua, non sans raisons et malgré les fatigues du voyage, un exode de plus en plus considérable des mineurs du monde entier ? Est-ce qu’il n’avait pas livré en 1896 pour sept millions cinq cent mille francs de pépites, en 1897 pour douze millions cinq cent mille francs ? Est-ce que le rendement de 1898 ne devait pas se chiffrer par trente millions ? Et, pour résumer, si nombreux que fussent les émigrants, n’auraient-ils pas à se partager les deux cent cinquante millions de francs auxquels Ogilvie évaluait la richesse du Klondike ? Assurément, les millionnaires seraient le petit, le très petit nombre, mais des torrents d’or n’en seraient pas moins sortis des entrailles de ce sol !

À noter aussi que ce territoire du Klondike n’est pas le seul de la région à être sillonné par les veines aurifères. On savait déjà qu’il en existait ailleurs, non seulement à la surface du Dominion, mais de l’autre côté du Yukon sur l’immense aire de l’Alaska, dont certaines régions ne sont pas encore suffisamment explorées. Et même sur la rive droite du grand fleuve, dans la partie canadienne, à la frontière méridionale du Klondike, ne cite-t-on pas le cours de l’Indian River dont les gisements vont faire concurrence à ceux du district ? Est-ce que les mineurs ne sont pas déjà occupés à l’exploitation de trois cents claims jusqu’à la jonction du Sulphor et du Dominion, creeks qui forment cette rivière ? Est-ce qu’ils n’y sont pas actuellement plus de deux mille cinq cents qui lavent des plats de trois cents à quatre cents francs ?

Enfin, ce ne sont pas seulement les affluents de la rive droite du Yukon qui charrient les paillettes et roulent les pépites. Les prospecteurs se précipitent maintenant vers ceux de la rive gauche. Il y a numérotage de claims sur le Sixty Miles, le Genenee, le Westfield, le Swadish, qui ne possèdent pas moins de six cent quatre-vingts lots, et enfin le Forty Miles Creek, car il existe quoi qu’en puisse penser Summy Skim, et le claim de l’oncle

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