Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/110

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Aussi, dès cette époque, les Sociétés, les Syndicats cherchaient-ils à acquérir ces claims et se les disputaient-ils aux plus hauts prix. Il est même difficile de prévoir à quel taux s’élèveront les enchères, quand il s’agit de placers où les plats recueillent de quinze cents à quatre mille francs d’un or très pur, dont l’once vaut sur le marché de Dawson-City quinze et seize dollars l’once.

Il était véritablement regrettable — c’est du moins ce que devait se dire Ben Raddle, si Summy Skim n’y songeait guère — que l’héritage laissé par l’oncle Josias n’eût pas été un de ces claims de la Bonanza au lieu d’appartenir à la région du Forty Miles Creek de l’autre côté du Yukon. Soit qu’on fût décidé à l’exploiter, soit qu’on voulût le vendre, le profit eût été plus considérable. Il est à supposer même que les offres faites aux héritiers auraient été telles que Ben Raddle n’eût pas entrepris le voyage au Klondike. Summy Skim serait alors en villégiature dans sa ferme de Green Valley au lieu de patauger dans les rues de cette capitale dont la boue renferme peut-être des parcelles du précieux métal.

Il est vrai, restaient les propositions faites par le Syndicat relativement au 129 du Forty Miles Creek, à moins que, faute de réponse, elles ne fussent devenues caduques.

Après tout. Ben Raddle était venu pour voir, il venait. Bien que le 129 n’eût jamais produit des pépites de trois mille francs — et la plus grosse qui fut trouvée au Klondike atteignait cette valeur — il ne devait pas être épuisé, puisque les offres d’achat avaient été faites. Les syndicats américains ou anglais ne traitaient pas les yeux fermés ces sortes d’affaires. Et, en tout cas, même en se tenant aux plus mauvaises chances, les deux cousins en retireraient bien de quoi payer leur voyage.

Et puis, Ben Raddle le savait, on parlait déjà de nouvelles découvertes sur le Bunker, un affluent du Klondike, dont l’embouchure est à vingt-trois kilomètres de Dawson-City, un cours de sept lieues entre des montagnes hautes de quinze cents pieds, riches de gisements dont l’or était plus pur que celui de l’Eldorado. Il était aussi question d’un affluent du Gold Bottom, où, d’après le rapport d’Ogilvie, il existerait un filon de quartz aurifère, qui donnait jusqu’à mille dollars par tonne.

Les journaux appelaient encore l’attention sur le Bear, un affluent du Klondike, à quatre lieues seulement de Dawson-City. Il était divisé en une soixantaine de lots sur un cours de onze kilomètres, et leur exploitation pendant la dernière campagne aurait rapporté de superbes bénéfices. Le bruit se répandait même que ces claims étaient préférables à ceux de la Bonanza, parce que, disposés plus régulièrement, ils se travaillaient avec plus de facilité.

Et, sans doute, Ben Raddle se disait qu’il y aurait peut-être à se retourner de ce côté, s’il n’y avait rien à faire avec le 129…

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