Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/54

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C’était le plus long parcours qu’il aurait à faire dans ces conditions jusqu’à la hauteur de l’île de la Reine Charlotte, soit une distance de (…) milles environ. Il retrouverait bien encore la haute mer entre cette île et celle du Prince de Galles, en traversant l’Entrance Dixon, mais pendant (…) milles seulement. Puis, au-delà, il serait abrité jusqu’au port de Skagway.

Le temps était froid, la brise âpre, le ciel nuageux par vent d’ouest. Une assez forte houle battait les grèves du littoral colombien. Des rafales où se mélangeaient la pluie et la neige tombèrent avec violence. On imagine ce que devaient souffrir les émigrants qui ne pouvaient trouver refuge ni dans la dunette ni dans l’entrepont. La plupart étaient accablés par le mal de mer, car aux balancements du roulis s’étaient jointes les secousses du tangage, et il eût été impossible d’aller de l’avant à l’arrière sans se retenir aux agrès. Les animaux n’étaient pas moins éprouvés, et, à travers les sifflements des rafales, on entendait des beuglements, des hennissements, des braiments, concert épouvantable dont on ne saurait se faire une idée. Et alors le long des roufs couraient et se roulaient les chiens qu’il était impossible de renfermer ou de tenir à l’attache. Quelques-uns de ces animaux, devenus furieux, se jetaient sur les passagers, leur sautaient à la gorge, cherchaient à les mordre. Il fallut même que le maître d’équipage en abattit quelques-uns à coup de revolvers. Et cela ne se fit pas sans provoquer un grand désordre que le capitaine et ses officiers eurent peine à réprimer.

Il va de soi que Summy Skim, en observateur déterminé, bravait [le mauvais temps[1]………………………………………………………………………] sans distinction, donnant leurs soins aux femmes, aux enfants, se privant même pour leur procurer quelque bien-être.

Ce fut le quatrième jour seulement que le Foot-Ball retrouva l’abri de l’île de la Princesse Charlotte[2]. La navigation s’effectua alors dans des conditions moins dures sur une mer que ne troublaient plus les houles du large. Du côté de la haute terre se succédaient des fjords comparables à ceux de la Norvège, qui devaient évoquer maints souvenirs du pays chez le compagnon de cabine de Summy Skim et de Ben Raddle. Autour de ces fjords se dressaient de hautes falaises, boisées pour la plupart, entre lesquelles apparaissaient sinon des villages, du moins des hameaux de pêcheurs, et le plus souvent quelque maisonnette isolée dont les habitants d’origine indienne vivaient de la chasse et de la pêche. Au passage du Foot-Ball, ils venaient vendre leurs produits qui trouvaient aisément acquéreurs.

  1. La page de Jules Verne, ici manquante — entre crochets — ne peut pas, cette fois-ci, être remplacée par le texte de la version « Michel ». En effet, ce dernier transforme complètement le récit de son père en modifiant les personnages : deux religieuses deviennent deux jolies femmes, chercheuses d’or, qui plus est !…
  2. La « Reine » devient « Princesse ».
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