Page:Verne - Le Volcan d’or version originale.djvu/93

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Dès l’aube, le Scout s’était occupé de mettre le bateau en état, d’y embarquer les bagages et les provisions. Il fut aidé dans cette besogne par Neluto et les quatre Canadiens qui formaient son équipage d’ordinaire, quand il transportait des voyageurs de Skagway à Dawson-City.

Lorsque les deux cousins l’eurent rejoint sur la rive :

« Eh bien, lui demanda Summy Skim, que pensez-vous du temps ? En avons-nous fini avec les froids de l’hiver du Klondike ?

— Je ne voudrais pas me prononcer d’une manière absolue, répondit le Scout, mais il semble bien que les lacs et les rivières ne tarderont pas à se dégager. D’ailleurs, en suivant les passes, dût-on y employer plus de temps, notre bateau…

— N’aura point à quitter son élément naturel, acheva Summy Skim, c’est au mieux…

— Et que pense Neluto ? demanda à son tour Ben Raddle.

— Il est de mon avis, répondit le Scout.

— Mais n’y a-t-il pas à craindre les glaces en dérive ?…

— Notre pilote est habile et il prendra toute précaution pour les éviter, répondit Bill Stell. D’ailleurs, le bateau est solide, il a déjà fait ses preuves en naviguant au milieu de la débâcle, et, en cas de danger, on trouve aisément refuge sur les rives du lac…

— Ce seront toujours de grosses fatigues s’il fallait débarquer, observa Summy Skim, et il est à désirer qu’on puisse les épargner à nos compagnes de voyage…

— Nous ferons tout pour cela, monsieur Skim, répondit le Scout, et, en somme, mieux vaut ne point avoir à haler le bateau pendant une dizaine de lieues, ce qui n’eût pas pris moins d’une semaine. »

Et alors, appelant Neluto, qui venait de descendre sur la rive, il lui dit :

« Neluto, que penses-tu de la débâcle ?…

— Voilà deux jours que les premières glaces se sont mises en dérive, répondit le pilote, preuve que le haut du lac doit être dégagé…

— Et la brise ?…

— Elle s’est levée deux heures avant le jour et nous est favorable…

— Mais tiendra-t-elle ?… »

Neluto se retourna et parcourut du regard l’horizon du sud que fermait à une lieue de là le massif du Chilkoot. À peine si les nuages se déplaçaient de ce côté, et de légères brumes glissaient sur le flanc de la montagne.

Après avoir tendu sa main dans cette direction, le pilote répondit :

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