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du bateau pendant une demi-lieue, après avoir loué un attelage de mules. De cette façon, il put reprendre dans la journée sa navigation sur le lac Marsh à travers les passes.

Arrivé à ce point, et bien qu’ils eussent quitté Skagway depuis une douzaine de jours, Bill Stell et ses compagnons n’en étaient encore qu’à cent soixante-deux kilomètres.

Il ne leur faudrait pas moins de quarante-huit heures pour traverser le lac Marsh dans toute sa longueur, bien qu’elle ne dépasse pas sept à huit lieues. En effet, le vent avait halé le nord, et, sans être très vif, il serait contraire. Se servir de la voile deviendrait impossible, et, avec les avirons, on ne devait pas compter sur une marche rapide.

Pendant le cours de cette navigation, les rives est et ouest du lac demeurèrent toujours visibles, sa largeur n’étant que de trois kilomètres. Il est encadré de collines assez élevées, d’aspect pittoresque que le givre et la neige rendaient toutes blanches. La flottille des bateaux paraissait moins nombreuse que sur le lac Benett, car, par suite de difficultés, un certain nombre d’embarcations étaient restées en arrière.

La halte fut établie à l’extrémité du lac Marsh dans l’après-midi du 13 mai, et, après avoir consulté la carte, Ben Raddle dit au Scout :

« Nous n’avons plus qu’un lac à franchir, le dernier de la région ?…

— Oui, monsieur Raddle, répondit Bill Stell, car c’est le lac Labarge. Mais c’est dans cette partie du voyage que les embarras sont les plus grands…

— Cependant, Scout, il ne sera pas question de traîner notre bateau sur la Lewis qui réunit les deux lacs et se dirige au-delà vers le nord ?

— Sur la rivière, non, mais sur terre, oui, répondit Bill Stell, s’il n’est pas possible de franchir les rapides de White Horse sans portage. Or c’est toujours un passage fort dangereux où plus d’une embarcation s’est perdue corps et biens. »

Ces rapides constituent en effet le plus sérieux danger pour la navigation entre Skagway et Dawson-City. Ils occupent trois kilomètres et demides quatre-vingt-cinq qui séparent le lac Marsh du lac Labarge, et, sur cette courte étendue, la différence de niveau des eaux de la rivière n’est pas inférieure à trente-deux pieds. En outre, le cours est encombré de récifs contre lesquels un canot se broie inévitablement, si le courant l’y jette.

« On ne peut donc suivre les berges ? demanda Summy Skim.

— Elles sont impraticables, répondit le Scout. Mais on s’occupe d’établir un tramway qui transportera les bateaux tout chargés en aval des rapides.

— Et puisqu’on s’occupe d’établir ce tramway, reprit Summy Skim, c’est qu’il n’est pas encore terminé, Scout…

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