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un fâcheux voisinage.

sont nécessaires dans ce monde d’émigrants où se heurtent toutes les classes sociales, et plus particulièrement l’innombrable classe des déclassés. Mais comment ne leur vient-il pas à l’esprit qu’il y aurait peut-être pour eux plus de profit et moins de péril à laver les boues des affluents du Yukon ? Comment ne pensent-ils pas aux cinq constables canadiens qui, presque au début du Klondike, revinrent au pays avec deux cent mille dollars de bénéfices ? Cela fait honneur à leur force d’âme, puisqu’ils ne se laissent pas griser comme tant d’autres.

La lecture des journaux apprit à Summy Skim que, pendant l’hiver, la température tombait parfois au Klondike à 60 degrés centigrades au-dessous de zéro. D’abord, il n’en crut rien, mais, ce qui lui donna à réfléchir, ce fut de voir chez un opticien de Vancouver plusieurs thermomètres gradués jusqu’à 90 degrés au-dessous de glace. « Bah ! se disait-il vainement pour se rassurer, c’est affaire d’amour-propre… Quatre-vingt-dix degrés !.. Les Klondiciens, fiers de leurs froids exceptionnels, mettent une certaine coquetterie à les faire valoir ! » Summy Skim, néanmoins, demeurait inquiet, et finalement il se décida à franchir le seuil de la boutique, pour examiner de près ces inquiétants thermomètres.

Les divers modèles que le marchand lui présenta étaient tous gradués, non pas suivant l’échelle Fahrenheit, en usage dans le Royaume-Uni, mais selon l’échelle centigrade, plus particulièrement adoptée au Dominion, encore imbu des coutumes françaises.

Après examen, Summy Skim dut convenir qu’il ne s’était pas trompé. Ces thermomètres étaient réellement établis en prévision de températures aussi excessives.

« Ces thermomètres sont construits, avec soin ? demanda Summy Skim, pour dire quelque chose.

— Assurément, monsieur, répondit l’opticien. Je crois que vous serez satisfait.