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LES 500 MILLIONS DE LA BÉGUM

tion sur l’Océan, qui devient de plus en plus la grande route du globe ; — la nature accidentée, fertile et éminemment salubre du sol ; — la proximité d’une chaîne de montagnes qui arrête à la fois les vents du nord, du midi et de l’est, en laissant à la brise du Pacifique le soin de renouveler l’atmosphère de la cité ; — la possession d’une petite rivière dont l’eau fraîche, douce, légère, oxygénée par des chutes répétées et par la rapidité de son cours, arrive parfaitement pure à la mer ; — enfin, un port naturel très-aisé à développer par des jetées et formé par un long promontoire recourbé en crochet.

« On indique seulement quelques avantages secondaires : proximité de belles carrières de marbre et de pierre, gisements de kaolin, voire même des traces de pépites aurifères. En fait, ce détail a manqué faire abandonner le territoire ; les fondateurs de la ville craignaient que la fièvre de l’or vînt se mettre à la traverse de leurs projets. Mais, par bonheur, les pépites étaient petites et rares.

« Le choix du territoire, quoique déterminé seulement par des études sérieuses et approfondies, n’avait d’ailleurs pris que peu de jours et n’avait pas nécessité d’expédition spéciale. La science du globe est maintenant assez avancée pour qu’on puisse, sans sortir de son cabinet, obtenir sur les régions les plus lointaines des renseignements exacts et précis.

« Ce point décidé, deux commissaires du comité d’organisation ont pris à Liverpool le premier paquebot en partance, sont arrivés en onze jours à New-York, et sept jours plus tard à San-Francisco, où ils ont nolisé un steamer, qui les déposait en dix heures au site désigné.

« S’entendre avec la législature d’Oregon, obtenir une concession de terre allongée du bord de la mer à la crête des Cascade-Mounts, sur une largeur de quatre lieues, désintéresser, avec quelques milliers de dollars, une demi-douzaine de planteurs qui avaient sur ces terres des droits réels ou supposés, tout cela n’a pas pris plus d’un mois.

« En janvier 1872, le territoire était déjà reconnu, mesuré, jalonné, sondé, et une armée de vingt mille coolies chinois, sous la direction de cinq cents contre-maîtres et ingénieurs européens, était à l’œuvre. Des affiches placardées dans tout l’État de Californie, un wagon-annonce ajouté en permanence au train rapide qui part tous les matins de San-Francisco pour traverser le continent américain, et une réclame quotidienne dans les vingt-trois journaux de cette ville, avaient suffi pour assurer le recrutement des travailleurs. Il avait même été inutile d’adopter le procédé de publicité en grand, par voie de lettres gigantesques sculptées sur les pics des montagnes Rocheuses, qu’une compa-