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Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/160

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bert qui, cramponné à la crinière de Thaouka, disparaissait dans les ténèbres.

« Robert ! malheureux ! » s’écria Glenarvan.

Mais ces paroles, l’Indien lui-même ne put les entendre. Un hurlement épouvantable éclata. Les loups rouges, lancés sur les traces du cheval, s’enfuyaient dans l’ouest avec une fantastique rapidité.

Thalcave et Glenarvan se précipitèrent hors de la ramada. Déjà la plaine avait repris sa tranquillité, et c’est à peine s’ils purent entrevoir une ligne mouvante qui ondulait au loin dans les ombres de la nuit.

Glenarvan tomba sur le sol, accablé, désespéré, joignant les mains. Il regarda Thalcave. L’Indien souriait avec son calme accoutumé.

« Thaouka. Bon cheval ! Enfant brave ! Il se sauvera ! répétait-il en approuvant d’un signe de la tête.

— Et s’il tombe ? dit Glenarvan.

— Il ne tombera pas ! »

Malgré la confiance de Thalcave, la nuit s’acheva pour le pauvre lord dans d’affreuses angoisses. Il n’avait même plus conscience du danger disparu avec la horde des loups. Il voulait courir à la recherche de Robert ; mais l’Indien l’arrêta ; il lui fit comprendre que les chevaux ne pouvaient le rejoindre, que Thaouka avait dû distancer ses ennemis, qu’on ne pourrait le retrouver dans les ténèbres, et qu’il fallait attendre le jour pour s’élancer sur les traces de Robert.



À quatre heures du matin, l’aube commença à poindre. Les brumes condensées à l’horizon se colorèrent bientôt des pâles lueurs. Une limpide rosée s’étendait sur la plaine, et les grandes herbes commencèrent à s’agiter aux premiers souffles du jour.