Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/300

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leurs marins du Duncan. Il insista même à cet égard, insistance qui, soit dit en passant, dut effacer tout soupçon de l’esprit du major.

« Mais, dit Glenarvan, notre voyage à travers l’Australie méridionale n’offre aucun danger ?

— Aucun, se hâta de répondre Ayrton.

— Eh bien, laissons à bord le plus de monde possible. Il faut des hommes pour manœuvrer le Duncan à la voile, et pour le réparer. Il importe, avant tout, qu’il se trouve exactement au rendez-vous qui lui sera ultérieurement assigné. Donc, ne diminuons pas son équipage. »

Ayrton parut comprendre l’observation de lord Glenarvan et n’insista plus.

Le soir venu, Écossais et Irlandais se séparèrent. Ayrton et la famille de Paddy O’Moore retournèrent à leur habitation. Chevaux et chariot devaient être prêts pour le lendemain. Le départ fut fixé à huit heures du matin.

Lady Helena et Mary Grant firent alors leurs derniers préparatifs. Ils furent courts, et surtout moins minutieux que ceux de Jacques Paganel. Le savant passa une partie de la nuit à dévisser, essuyer, visser et revisser les verres de sa longue-vue. Aussi dormait-il encore quand le lendemain, à l’aube, le major l’éveilla d’une voix retentissante.

Déjà les bagages avaient été transportés à la ferme par les soins de John Mangles. Une embarcation attendait les voyageurs qui ne tardèrent pas à y prendre place. Le jeune capitaine donna ses derniers ordres à Tom Austin. Il lui recommanda par-dessus tout d’attendre les ordres de lord Glenarvan à Melbourne, et de les exécuter scrupuleusement, quels qu’ils fussent.

Le vieux marin répondit à John Mangles qu’il pouvait compter sur lui. Au nom de l’équipage, il présenta à Son Honneur ses vœux pour le succès de l’expédition. Le canot déborda, et un tonnerre de hurrahs éclata dans les airs.

En dix minutes, l’embarcation atteignit le rivage. Un quart d’heure plus tard, les voyageurs arrivaient à la ferme irlandaise.

Tout était prêt. Lady Helena fut enchantée de son installation. L’immense chariot avec ses roues primitives et ses ais massifs lui plut particulièrement. Les six bœufs attelés par paires avaient un air patriarcal qui lui seyait fort. Ayrton, son aiguillon à la main, attendait les ordres de son nouveau chef.

« Parbleu ! dit Paganel, voilà un admirable véhicule, et qui vaut tous les mail-coachs du monde. Je ne sais de meilleure manière de courir le monde, à la façon des saltimbanques. Une maison qui se déplace, qui mar-