Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/301

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che, qui s’arrête où bon vous semble, que peut-on désirer de mieux ? Voilà ce qu’avaient compris autrefois les Sarmates, et ils ne voyageaient pas autrement.

— Monsieur Paganel, répondit lady Helena, j’espère avoir le plaisir de vous recevoir dans mes salons ?

— Comment donc, Madame, répliqua le savant, mais ce sera un honneur pour moi ! Avez-vous pris un jour ?

— J’y serai tous les jours pour mes amis, répondit en riant lady Helena, et vous êtes…

— Le plus dévoué de tous, Madame, » répliqua galamment Paganel.

Cet échange de politesses fut interrompu par l’arrivée de sept chevaux tout harnachés que conduisait un des fils de Paddy. Lord Glenarvan régla avec l’Irlandais le prix de ces diverses acquisitions, en y ajoutant force remercîments que le brave colon estimait au moins à l’égal des guinées.

On donna le signal du départ. Lady Helena et miss Grant prirent place dans leur compartiment, Ayrton sur le siège, Olbinett à l’arrière du chariot ; Glenarvan, le major, Paganel, Robert, John Mangles, les deux matelots, tous armés de carabines et de revolvers, enfourchèrent leurs chevaux. Un « Dieu vous assiste ! » fut lancé par Paddy O’Moore, et repris en chœur par sa famille. Ayrton fit entendre un cri particulier, et piqua son long attelage. Le chariot s’ébranla, ses ais craquèrent, les essieux grincèrent dans le moyeu des roues, et bientôt disparut au tournant de la route la ferme hospitalière de l’honnête Irlandais.


CHAPITRE IX


LA PROVINCE DE VICTORIA.


On était au 23 décembre 1864. Ce décembre, si triste, si maussade, si humide dans l’hémisphère boréal, aurait dû s’appeler juin sur ce continent. Astronomiquement, l’été comptait déjà deux jours d’existence, car, le 21, le soleil venait d’atteindre le Capricorne, et sa présence au-dessus de l’horizon diminuait déjà de quelques minutes. Ainsi donc, c’était dans la plus chaude saison de l’année et sous les rayons d’un soleil presque tropical que devait s’accomplir ce nouveau voyage de lord Glenarvan.

L’ensemble des possessions anglaises dans cette partie de l’océan Paci-