Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/309

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riche en oxygène et si pauvre en azote ; il n’a pas de vents humides, puisque les alizés soufflent parallèlement à ses côtes, et la plupart des maladies y sont inconnues, depuis le typhus jusqu’à la rougeole et aux affections chroniques.

— Cependant ce n’est pas un mince avantage, dit Glenarvan.

— Sans doute, mais je n’en parle pas, répondit Paganel. Ici, le climat a une qualité… invraisemblable.

— Laquelle ? demanda John Mangles.

— Vous ne me croirez jamais.

— Mais si, s’écrièrent les auditeurs, piqués au jeu.

— Eh bien, il est…

— Quoi donc ?

— Il est moralisateur !

— Moralisateur ?

— Oui, répondit le savant avec conviction. Oui, moralisateur ! Ici les métaux ne s’oxydent pas à l’air, les hommes non plus. Ici l’atmosphère pure et sèche blanchit tout rapidement, le linge et les âmes ! Et on avait bien remarqué en Angleterre les vertus de ce climat, quand on résolut d’envoyer dans ce pays les gens à moraliser.

— Quoi ! cette influence se fait réellement sentir ? demanda lady Glenarvan.

— Oui, Madame, sur les animaux et les hommes.

— Vous ne plaisantez pas, monsieur Paganel ?

— Je ne plaisante pas. Les chevaux et les bestiaux y sont d’une docilité remarquable. Vous le verrez.

— Ce n’est pas possible !

— Mais cela est ! Et les malfaiteurs, transportés dans cet air vivifiant et salubre, s’y régénèrent en quelques années. Cet effet est connu des philanthropes. En Australie, toutes les natures s’améliorent.

— Mais alors, vous, monsieur Paganel, vous qui êtes déjà si bon, dit lady Helena, qu’allez-vous devenir sur cette terre privilégiée ?

— Excellent, Madame, répondit Paganel, tout simplement excellent ! »