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du capitaine grant.

de leur fuite, seraient forcés de faire un très long détour pour les atteindre, puisqu’ils ignoraient l’existence de cette galerie creusée entre le Waré-Atoua et le talus extérieur.

L’évasion commença. Toutes les précautions furent prises pour la faire réussir. Les captifs passèrent un à un par l’étroite galerie et se trouvèrent dans la grotte. John Mangles, avant de quitter la hutte, fit disparaître tous les décombres et se glissa à son tour par l’ouverture, sur laquelle il laissa retomber les nattes de la case. La galerie se trouvait donc entièrement dissimulée.

Il s’agissait à présent de descendre la paroi perpendiculaire jusqu’au talus, et cette descente aurait été impraticable, si Robert n’eût apporté la corde de phormium.

On la déroula ; elle fut fixée à une saillie de roche et rejetée au dehors.

John Mangles, avant de laisser ses amis se suspendre à ces filaments de phormium qui, par leur torsion, formaient la corde, les éprouva ; ils ne lui parurent pas offrir une grande solidité ; or, il ne fallait pas s’exposer inconsidérément, car une chute pouvait être mortelle.

« Cette corde, dit-il, ne peut supporter que le poids de deux corps ; ainsi, procédons en conséquence. Que lord et lady Glenarvan se laissent glisser d’abord ; lorsqu’ils seront arrivés au talus, trois secousses imprimées à la corde nous donneront le signal de les suivre.

— Je passerai le premier, répondit Robert. J’ai découvert au bas du talus une sorte d’excavation profonde où les premiers descendus se cacheront pour attendre les autres.

— Va, mon enfant, » dit Glenarvan en serrant la main du jeune garçon.

Robert disparut par l’ouverture de la grotte. Une minute après, les trois secousses de la corde apprenaient que l’enfant venait d’opérer heureusement sa descente.

Aussitôt Glenarvan et lady Helena se hasardèrent en dehors de la grotte. L’obscurité était profonde encore, mais quelques teintes grisâtres nuançaient déjà les cimes qui se dressaient dans l’est.

Le froid piquant du matin ranima la jeune femme. Elle se sentit plus forte et commença sa périlleuse évasion.

Glenarvan d’abord, lady Helena ensuite, se laissèrent glisser le long de la corde jusqu’à l’endroit où la paroi perpendiculaire rencontrait le sommet du talus. Puis Glenarvan, précédant sa femme et la soutenant, commença à descendre à reculons. Il cherchait les touffes d’herbes et les arbrisseaux propres à lui offrir un point d’appui ; il les éprouvait d’abord, et y plaçait ensuite le pied de lady Helena. Quelques oiseaux, réveillés subitement, s’envolaient en poussant de petits cris, et les fugitifs frémissaient quand