« Quelle est cette affaire ? dit-il.
— La voici, répondit Ayrton. Vous désirez savoir de moi certains détails qui peuvent vous être utiles. Je désire obtenir de vous certains avantages qui me seront précieux. Donnant, donnant, mylord. Cela vous convient-il ou non ?
— Quels sont ces détails ? demanda Paganel.
— Non, reprit Glenarvan, quels sont ces avantages ? »
Ayrton, d’une inclination de tête, montra qu’il comprenait la nuance observée par Glenarvan.
« Voici, dit-il, les avantages que je réclame. Vous avez toujours, mylord, l’intention de me remettre entre les mains des autorités anglaises ?
— Oui, Ayrton, et ce n’est que justice.
— Je ne dis pas non, répondit tranquillement le quartier-maître. Ainsi, vous ne consentiriez point à me rendre la liberté ? »
Glenarvan hésita avant de répondre à une question si nettement posée. De ce qu’il allait dire dépendait peut-être le sort d’Harry Grant !
Cependant le sentiment du devoir envers la justice l’emporta, et il dit :
« Non, Ayrton, je ne puis vous rendre la liberté.
— Je ne la demande pas, répondit fièrement le quartier-maître.
— Alors, que voulez-vous ?
— Une situation moyenne, mylord, entre la potence qui m’attend et la liberté que vous ne pouvez pas m’accorder.
— Et c’est ?...
— De m’abandonner dans une des îles désertes du Pacifique, avec les objets de première nécessité. Je me tirerai d’affaire comme je pourrai, et je me repentirai, si j’ai le temps ! »
Glenarvan, peu préparé à cette ouverture, regarda ses deux amis, qui restaient silencieux. Après avoir réfléchi quelques instants, il répondit :
« Ayrton, si je vous accorde votre demande, vous m’apprendrez tout ce que j’ai intérêt à savoir ?
— Oui, mylord, c’est-à-dire tout ce que je sais sur le capitaine Grant et sur le Britannia.
— La vérité entière ?
— Entière.
— Mais qui me répondra ?...
— Oh ! je vois ce qui vous inquiète, mylord. Il faudra vous en rapporter à moi, à la parole d’un malfaiteur ! C’est vrai ! Mais que voulez-vous ? La situation est ainsi faite. C’est à prendre ou à laisser.