Aller au contenu

Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
EN VUE DE L’ÎLE NORFOLK.

canot en reconnaissance… Je ne quitterai l’île Norfolk qu’après avoir visité les environs d’East-North-Point, dussions-nous y consacrer une journée.

— Bien, père, et, cette journée, j’ai la conviction qu’elle ne sera pas perdue…

— N’est-ce pas ton avis, Hawkins ? demanda le capitaine en se retournant vers l’armateur.

— Absolument », répondît M. Hawkins.

Et, en vérité, il n’y aurait pas même eu à féliciter M. Gibson de sa résolution. Agir de la sorte, n’était-ce pas remplir un devoir d’humanité ?…

Lorsque Flig Balt eut regagné l’avant, il raconta à Vin Mod ce qui venait d’être dit et ce qui venait d’être décidé. Le matelot ne fut pas plus satisfait que le maître d’équipage. Après tout, peut-être Nat Gibson s’était-il trompé… Peut-être même aucun des naufragés de la Wilhelmina ne s’était-il réfugié sur cette côte… La question serait tranchée avant une douzaine d’heures.

La nuit arriva, nuit assez obscure, nuit de nouvelle lune. Un rideau de hautes brumes voilait les constellations. Néanmoins, la terre se montrait confusément dans l’ouest, une masse un peu plus sombre au pied de cet horizon.

Vers neuf heures, une légère brise provoqua quelques clapotis autour du James-Cook, qui évolua d’un quart sur son ancre. Cette brise eût pu servir à gagner le nord, puisqu’elle halait le sud-ouest, Mais le capitaine ne revint point sur sa détermination, et le brick resta au mouillage.

D’ailleurs, ce n’étaient que des souffles intermittents qui effleuraient la crête du Pitt-Mount, et la mer retomba au calme.

M. Hawkins, M. Gibson et son fils étaient assis à l’arrière. Peu pressés de rentrer dans leurs cabines, ils aspiraient l’air plus frais du soir, après les chaleurs du jour.