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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/198

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LES FRÈRES KIP

Parfois s’étendaient des clairières, bordées d’énormes buissons, arrosées de rios aux eaux claires, qui sont réservées à la culture : des champs de cannes à sucre, île patates douces, de taros, soigneusement entretenus, où travaillaient plusieurs femmes indigènes.

Il n’y avait, d’ailleurs, à s’inquiéter ni des fauves ni d’autres animaux dangereux, pas même de venimeux reptiles. La faune était moins variée que la flore. Rien que des porcs sauvages, moins redoutables que ne le sont les sangliers, et pour la plupart réduits à l’état domestique, des chiens désignés sous le nom de « poulls » en langue tombarienne, des couscous, des sarigues, des larcertins, et aussi une multitude de rats de petite espèce. Enfin pullulaient ces termites ou fourmis blanches qui suspendent leurs nids spongieux aux branches des arbres, entre lesquelles sont parfois tendues, comme un filet, des toiles tissées par des légions d’araignées aux couleurs pourpre et azur.

« Est-ce que je n’entends pas des chiens ?… fut amené à demander Nat Gibson, à un moment où ses oreilles furent frappées par des aboiements lointains.

— Non, répondit M. Zieger, ce ne sont pas des chiens qui aboient, mais des oiseaux qui crient…

— Des oiseaux ?… reprit M. Hawkins, assez surpris de cette réponse.

— Oui, dit M. Zieger, un corbeau qui est spécial à l’archipel Bismarck. »

Nat Gibson et M. Hawkins s’y étaient trompés comme l’avait été Bougainville, la première fois qu’il s’engagea à travers les forêts néo-irlandaises. En effet, ce corbeau imite, à s’y méprendre, les aboiements du chien.

Du reste, dans ces îles, l’ornithologie compte de nombreux et curieux représentants, des « mains », pour employer le mot indigène. De tous côtés voltigent des loris, sortes de perroquets écarlates,