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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/226

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LES FRÈRES KIP

Ces deux hommes le prirent alors par les épaules et par les pieds, et le transportèrent à cinq cents pas à travers le bois.

Après s’être arrêtes au bord d’une clairière, les malfaiteurs déposèrent leur victime à terre, et l’un d’eux dit :

« Il faut l’achever… »

À ce moment, les yeux de M, Gibson se rouvrirent :

« Flig Balt !… Vin Mod ! » prononça-t-il.

C’étaient le maître d’équipage et Vin Mod qui avaient commis ce crime. Vin Mod serait enfin délivré d’Harry Gibson avec l’espoir assez justifié que Flig Balt obtiendrait le commandement du navire. Alors, sous la direction du nouveau capitaine, au lieu de faire voile pour Hobart-Town, le brick se jetterait hors de sa route, et, sans que M. Hawkins pût s’en apercevoir, il gagnerait vers l’est les parages des îles Salomon. Là, on verrait à se débarrasser de l’armateur, de Nat Gibson, des frères Kip, de ceux des hommes qui ne voudraient pas s’associer à une campagne de piraterie. Ce qui n’avait pas été fait entre la Nouvelle-Zélande et l’archipel Bismarck se ferait après le départ de Port-Praslin.

Après que M. Gibson eut crié le nom des deux assassins, ces mots s’échappèrent de ses lèvres :

« Misérables… misérables ! »

Il voulut se relever, il voulut se défendre, et que pouvait-il, lui sans armes, contre deux hommes vigoureux et armés ?…

« Au secours ! » cria-t-il encore.

Vin Mod se précipita sur le malheureux, et de la main lui ferma la bouche, tandis que Flig Balt, du poignard qui avait été volé à bord de la Wilhelmina, par son complice, le frappait en pleine poitrine.

Harry Gibson poussa un suprême gémissement ; puis ses yeux grands ouverts, d’où jaillissait un regard d’épouvante, se fixèrent une dernière fois sur ses meurtriers. La lame du poignard l’avait