ce commandement dont lui, Flig Balt, avait été si injustement dépouillé, et il entraîna les matelots à la révolte…
Sa tentative ne réussit pas… Désarmé, réduit à l’impuissance, il fut enfermé à fond de cale par ordre du misérable qui avait trompé la confiance de M. Hawkins… Pourtant, il résolut de taire ce qu’il savait jusqu’à l’arrivée du navire à Hobart-Town, et d’attendre les poursuites qui seraient ordonnées contre lui… Ce serait publiquement, alors, devant le Conseil maritime, qu’il dénoncerait les auteurs du crime de Kerawara…
Après cette déposition formelle, qui fut suivie d’un long mouvement parmi l’assistance, le président ne crut pas devoir continuer les débats. L’audience levée, les agents reconduisirent Flig Balt et Len Cannon à la prison du port. On verrait s’il y aurait lieu de donner suite à leur affaire. Quant à Karl et Pieter Kip, arrêtés séance tenante, ils furent emmenés à la prison de la ville.
Avant de quitter la salle du Conseil, Karl Kip, ne pouvant contenir son indignation, avait protesté violemment contre l’homme qui les accusait. Pieter s’était contenté de lui dire :
« Laisse, mon pauvre frère, laisse à la justice le soin de proclamer notre innocence ! »
Et ils étaient partis, et aucune main — pas même celle de M. Hawkins — ne se tendit vers eux…
Sans doute, Karl et Pieter Kip devaient croire que rien dans l’enquête ne parviendrait à établir leur culpabilité… Cet abominable crime, ils ne l’avaient point commis… Ces piastres, ces papiers que Flig Balt déclarait avoir vus dans leur valise, on ne les y trouverait pas, lors de la perquisition… Ils pouvaient attendre sans crainte le résultat d’une descente de police qui allait être faite dans leur chambre à l’auberge du Great-Old-Man… La seule déclaration du maître d’équipage ne suffirait pas à les convaincre de vol et d’assassinat…