Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
LES FRÈRES KIP

à voix basse… Mais ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre, pour échanger leurs pensées… Ce qu’ils espéraient, ce qu’il fallait pour assurer leur sécurité, c’était la condamnation capitale, c’était l’exécution des frères Kip !… Eux morts, affaire finie !… Eux vivants, même au fond d’un bagne, ils protesteraient de leur innocence, et qui sait si quelque hasard ne mettrait pas la justice sur la trace des vrais coupables ?…

Après trente-cinq minutes de délibération la sonnette retentit, et le jury ne tarda pas à revenir prendre place dans la salle d’audience. Leur verdict avait donc réuni l’unanimité.

Le public afflua aussitôt, s’étouffant, s’écrasant, au milieu d’une rumeur et d’une agitation portées à leur comble.

Presque aussitôt, les magistrats reparurent, et le président fit annoncer la reprise de l’audience.

Le chef du jury fut invité à donner connaissance du verdict.

Affirmatif sur tous les points, il n’accordait pas les circonstances atténuantes aux accusés.

Karl et Pieter rentrèrent alors, remontèrent à leur banc, et se tinrent debout.

Le président et ses assesseurs délibérèrent quelques instants sur la peine qui devait être appliquée, le crime étant celui de l’assassinat, c’est-à-dire du meurtre avec préméditation.

Karl et Pieter Kip furent condamnés à mort, et, au prononcé de cette condamnation, quelques applaudissements se firent entendre.

Les deux frères, après un douloureux regard, s’étaient pris la main, leurs bras s’ouvrirent, et, sans prononcer une parole, ils se serrèrent cœur contre cœur.