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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/353

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VII

en attendant l’exécution.


Ainsi donc, les frères Kip n’avaient plus rien à attendre de la justice des hommes : elle s’était prononcée contre eux, sans même admettre des circonstances atténuantes pour le crime qu’on leur imputait. Aucun des arguments présentés par la défense n’avait touché le jury. Ni l’attitude à la fois si ferme et si digne des accusés au cours des débats, ni la colère de Karl Kip, qui s’échappait parfois en paroles indignées, ni les explications plus calmes de Pieter Kip, n’avaient rien pu contre les faits allégués, contre les charges si traîtreusement accumulées sur leur tête, contre les déclarations de ce misérable Flig Balt, appuyées par la dernière déposition du mousse Jim !

Et, en effet, tant que Karl et Pieter Kip avaient pu affirmer que l’instrument du meurtre ne s’était jamais trouvé entre leurs mains, et soutenir, non sans apparence de raison, que le kriss étant l’arme le plus en usage chez les naturels de la Mélanésie, celui auquel s’ajustait la virole devait appartenir à un indigène de Kerawara, de l’île York ou des îlots voisins, une certaine hésitation paraissait admissible. Mais ce poignard était bien celui qu’ils avaient repris sur l’épave et rapporté à bord du James-Cook sans le montrer à personne, et comment mettre en doute la déclaration du mousse qui l’avait vu dans leur cabine ?…

Cette condamnation eut tout d’abord pour effet de donner satisfaction à la population d’Hobart-Town. Dans cette haine géné-