y travaillaient ensemble, mais à une certaine distance l’une de l’autre. Les deux frères n’avaient pas même eu cette consolation de s’apercevoir, tant les arbres formaient une épaisse lisière à l’amorce même de Eagle-Hawk-Neck.
Sa visite achevée, M. Skirtle et sa famille se disposaient à remonter en voiture, lorsque des cris éclatèrent dans la direction de la palissade qui fermait l’isthme. Presque aussitôt s’y joignirent des aboiements furieux.
Ces aboiements étaient ceux des chiens attachés aux poteaux de la grève, à moins de trois cents pas de la lisière.
L’un de ces animaux, ayant rompu sa chaîne, s’était élancé du côté de la forêt, au milieu des cris des constables, et des hurlements de toute la bande. On eût dit que le dogue voulait se jeter sur les convicts dont le costume lui était bien connu. Mais, épouvanté de leurs vociférations, ce fut vers la forêt qu’il bondit avant que les gardiens eussent pu le reprendre.
Ce que le capitaine avait à faire, c’était de remonter en voiture et de quitter la place avant que l’animal eût effrayé les chevaux. Par malheur, ceux-ci prirent peur, et, malgré les efforts du cocher, s’enfuirent en direction de Port-Arthur.
« Venez… venez !… » cria M. Skirtle à sa femme et à ses enfants, qu’il entraînait vers un fourré où ils espéraient trouver refuge.
Soudain, le chien parut, la gueule écumante, les yeux enflammés. Il poussait des rugissements de bête fauve, et, d’un bond, il se précipita sur le jeune Skirtle qu’il renversa, après lui avoir sauté à la gorge.
Les cris des constables, qui accouraient de la lisière, se faisaient entendre.
M. Skirtle, à la vue du danger que courait son fils, allait se jeter sur l’animal, lorsqu’il fut saisi par deux bras vigoureux qui le repoussèrent.