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XII

la pointe saint-james.


Le lendemain soir, un peu après sept heures, à quelques minutes d’intervalle, trois éclairs illuminèrent successivement la haute muraille du pénitencier, en arrière de Port-Arthur. Trois violentes détonations les avaient suivis. C’était le canon d’alarme dont les éclats, propagés à la surface de la presqu’île de Tasman, allaient la mettre tout entière en éveil. Les postes se relieraient entre eux par des patrouilles, les chiens seraient tenus à bout de chaîne le long des palissades de l’isthme d’Eagle-Hawk-Neck. Aucun hallier, aucun fourré de la forêt n’échapperait aux recherches des constables.

Ces trois coups de canon signalaient une évasion qui venait d’être à l’instant constatée, et des mesures furent immédiatement prises pour empêcher les fugitifs de quitter la presqu’île.

D’ailleurs, le temps était si mauvais qu’il serait impossible de s’échapper par mer. Aucune embarcation n’aurait pu accoster le littoral, aucun bâtiment s’approcher de la côte. Donc, puisqu’ils ne pourraient franchir les palissades de l’isthme, les évadés seraient contraints de se cacher dans la forêt, et vraisemblablement ne tarderaient pas à être ramenés au bagne.

En effet, il ventait un fort coup de vent de sud-ouest, qui démontait la mer dans Storm-Bay et au large de la presqu’île.

Ce soir-là, après la rentrée au pénitencier, on avait constaté l’absence de deux déportés de la cinquième escouade. Tandis