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LA POINTE SAINT-JAMES.

qu’il les ramenait à Port-Arthur, le chef des constables, qui se tenait en tête de la colonne, ne s’était pas aperçu de leur disparition, cette cinquième escouade étant sous la surveillance de Farnham que personne ne soupçonnait.

C’est donc à l’appel du soir que l’on connut l’évasion, et le capitaine-commandant fut aussitôt informé.

Comme il s’agissait des Irlandais O’Brien et Macarthy, deux condamnés politiques, il était probable que le concours de quelques amis du dehors leur avait été assuré. Mais dans quelles conditions s’était effectuée cette évasion ?… Les fugitifs avaient-ils déjà pu quitter l’île ?… Se cachaient-ils encore en un endroit convenu ?… C’est ce que les recherches allaient peut-être apprendre, maintenant que les trois coups de canon venaient de mettre sur pied tout le personnel de la presqu’île.

En ce qui concerne Farnham, lorsqu’il avait été demandé la veille, ce n’était que pour affaire de service. Aucune suspicion ne planait sur lui, et même, lorsque son absence fut aussi constatée, elle ne l’atteignit pas tout d’abord. M. Skirtle et le chef des constables durent plutôt croire que les Irlandais avaient pu se débarrasser de lui avant de prendre la fuite.

Ainsi qu’il a été dit, il était inadmissible qu’O’Brien et Macarthy se fussent échappés sur une embarcation, étant donné l’état de la mer. Aussi, sur l’ordre de M. Skirtle, un détachement de constables se porta-t-il immédiatement vers l’isthme, que l’on surveillait depuis les trois coups de canon. On s’était assuré que les dogues des palissades faisaient bonne garde, et, quant aux autres chiens, ils furent aussitôt lâchés sur les grèves de Eagle-Hawk-Neck.

Une tentative d’évasion a toujours chez le personnel d’un pénitencier un retentissement considérable. Les déportés de Port-Arthur n’ignoraient plus que deux de leurs compagnons venaient de s’éva-