pénitencier pour les travaux du dehors. Revenus à proximité de la falaise, avec quelle anxiété ils cherchaient à apercevoir, vers l’ouest ou le long de la côte, les volutes d’une fumée indiquant l’approche d’un steamer !…
La journée s’écoula, et, dix minutes avant que le signal du départ eût été donné, voici que des cris retentirent du côté du littoral.
« Les malheureux… ils sont découverts !… » s’écria Karl Kip.
C’est à ce moment que dix à douze constables, abandonnant la garde des escouades à leurs camarades, coururent dans cette direction, et les frères Kip purent les suivre sans avoir été vus.
Arrivés sur la crête, ils se couchèrent à plat ventre et regardèrent au-dessous d’eux.
Oui ! un canot se glissait, en rasant la côte, vers la pointe Saint-James.
« Il ne sera plus temps !… dit Karl Kip.
— Les pauvres gens vont être repris !… ajouta son frère.
— Et ne pouvoir leur venir en aide !… »
À peine ces paroles avaient-elles été prononcées, que Karl Kip, saisissant Pieter par le bras :
« Suis-moi ! » dit-il.
Une minute plus tard, tous deux dévalaient le sentier et ils rampaient sur la grève.
Le canot de l’Illinois tournait alors les roches de la crique. Bien qu’ils eussent vu les constables accourir, l’officier américain et ses matelots n’avaient pas eu la pensée de s’arrêter, ne doutant plus que les fugitifs ne fussent là depuis la veille. Alors, appuyant les avirons, au risque de se briser contre les récifs au milieu de l’ombre, ils firent un dernier effort pour atteindre la pointe avant les constables.
Mais, lorsque l’embarcation eut accosté, il était trop tard.