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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/454

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LES FRÈRES KIP

O’Brien, Macarthy et Farnham, malgré leur résistance, étaient déjà ramenés vers la falaise.

« En avant… en avant ! » cria l’officier.

Ses matelots, armés de coutelas et de revolvers, se précipitèrent à sa suite, et, dès qu’ils eurent pris pied, s’élancèrent pour délivrer les fugitifs.

Il y eut lutte acharnée. Les Américains n’étaient que huit, l’officier, l’homme de barre et six hommes. Même en comptant Farnham, Macarthy et O’Brien, cela ne faisait que onze contre une vingtaine de constables, d’autres, dès les premiers cris, ayant rejoint leurs camarades sur la grève.

En outre, les dogues féroces ne seraient pas de moins dangereux adversaires.

Aussi est-ce aux chiens que les matelots envoyèrent leurs premiers coups de revolver. Des détonations éclatèrent soudain. Deux de ces animaux, frappés de plusieurs balles, furent tués, et les autres s’enfuirent en déchirant l’air de leurs hurlements.

Les combattants s’attaquèrent alors avec une extrême violence au milieu de l’ombre. Mais Macarthy et Farnham, qui n’avaient pu se dégager, allaient être entraînés, lorsque deux hommes barrèrent la route aux constables.

Karl Kip et son frère, qui venaient de se jeter sur eux, parvinrent à arracher les prisonniers de leurs mains.

À la suite de nouveaux coups de feu, quelques hommes furent grièvement atteints des deux parts. Or, sur cette étroite pointe, il était impossible que la lutte se prolongeât à l’avantage des Américains. L’officier et les matelots de l’Illinois contraints d’abandonner la partie, les fugitifs leur échapperaient, et qui sait si eux-mêmes ne paieraient pas de leur liberté dans les prisons d’Hobart-Town cette généreuse tentative en faveur des Irlandais ?

Heureusement, si les détonations, si les cris, si les aboiements