Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XIV

suites de l’affaire.


À Hobart-Town, depuis quelques mois déjà, on reparlait avec un vif intérêt de l’affaire Kip. Qu’il se fût fait un revirement dans les esprits, que le public eût la pensée que Karl et Pieter Kip n’étaient pas les assassins du capitaine Gibson, non ! Pour ces deux victimes d’une erreur judiciaire, l’opinion n’en était pas encore là. Mais on savait que M. Hawkins croyait à leur innocence. Personne n’ignorait plus qu’il poursuivait son enquête, qu’il multipliait ses démarches près du gouverneur de la Tasmanie, que Son Excellence Sir Edward Carrigan l’écoutait volontiers. Aussi quelques-uns répétaient-ils déjà :

« Pourtant… si M. Hawkins avait raison ! »

Toutefois, — il y a lieu d’y insister, — la culpabilité des frères Kip ne faisait pas doute pour la grande majorité de la population, et, assurément, l’affaire eût été oubliée depuis longtemps, si l’armateur n’eût mis tant d’énergie à en demander la révision.

On l’imaginera aisément, la visite que M. Hawkins avait faite à Port-Arthur n’avait pu que renforcer sa conviction. Ses entretiens avec le capitaine-commandant, la conduite des deux frères au pénitencier, l’acte de courage qui leur avait valu quelque adoucissement, leur attitude si digne lorsqu’il les interrogea, cette pensée qui leur fut commune de rechercher les véritables auteurs du crime parmi l’équipage du James-Cook, les soupçons que les louches façons de Flig Balt et de Vin Mod autorisaient à concevoir,