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LES FRÈRES KIP

un dernier adieu, ils se séparèrent d’O’Brien, de Macarthy et de Farnham.

Très heureusement pour eux, aucune demande d’extradition n’avait été encore adressée aux autorités américaines par le consul de la Grande-Bretagne, et la police n’avait pu les arrêter à leur débarquement.

À dater de ce jour, on ne rencontra plus jamais les deux frères dans les rues de San Francisco, et il y eut lieu de croire qu’ils avaient quitté la ville.

Effectivement, quarante-huit heures après avoir pris terre, Karl et Pieter Kip descendaient dans une modeste auberge de San Diego, capitale de la Basse-Californie, où ils espéraient trouver un navire en partance pour l’un des ports du continent australien.

Leur ferme intention était de revenir au plus tôt à Hobart-Town, de se livrer à cette justice qui les avait si injustement condamnés !… Si la fuite avait dû être interprétée comme un aveu de culpabilité, le retour crierait au monde entier l’innocence… Non ! ils n’accepteraient pas de vivre à l’étranger, sous le coup d’une accusation criminelle, avec l’incessante crainte d’être reconnus, dénoncés, repris !… Ce qu’ils voulaient, c’était la révision de leur procès, c’était la réhabilitation publique.

Et c’est bien de ce projet, de sa mise à exécution, que Karl et Pieter Kip n’avaient cessé de s’entretenir à bord de l’Illinois. Peut-être y eut-il chez Karl comme un instinct de révolte… Se sentir libre et renoncer à la liberté !… S’en remettre à la justice des hommes, à la faillibilité humaine !… Mais il s’était rendu aux observations de son frère.

Ils étaient donc à San Diego, cherchant un embarquement et, autant que possible, sur un navire à destination de la Tasmanie. Les circonstances les servirent. Le Standard, précisément en