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LES FRÈRES KIP

molli au coucher du soleil. La mer promettait d’être belle jusqu’au matin, et il ne serait pas nécessaire de changer la voilure ; peut-être seulement devrait-on amener le grand et le petit perroquet. Le brick resterait alors sous ses huniers, ses basses voiles et ses focs. D’ailleurs il serrait de moins près le vent, en attendant de mettre le cap au nord-est.

En effet, le James-Cook, au large du port de Timaru, allait traverser la vaste baie qui échancre la côte, connue sous le nom de Canterbury-Bight. Afin de doubler la presqu’île de Banks qui la ferme, il lui faudrait arriver de deux quarts et naviguer sous l’allure du largue.

M. Gibson fit donc brasser les vergues et filer les écoutes de manière à suivre cette direction. Lorsque le jour reviendrait, à condition que la brise ne tombât pas tout à fait, il comptait avoir laissé en arrière les Pompey’s Pillars et se trouver par le travers de Christchurch.

Ses ordres exécutés, Harry Gibson, au grand ennui de Flig Balt, demeura sur le pont jusqu’à dix heures, tantôt échangeant quelques paroles avec lui, tantôt assis sur le couronnement. Le maître d’équipage, prévenu par Vin Mod, était dans l’impossibilité d’entretenir Len Cannon.

Enfin, tout allait bien à bord. Le brick n’aurait à modifier sa route qu’à trois ou quatre heures du matin, lorsqu’il serait en vue du port d’Akaroa. Aussi M. Gibson, un dernier coup d’œil donné à l’horizon et à la voilure, regagna-t-il sa cabine qui prenait jour sur l’avant du rouf.

Il n’y en eut pas long à dire entre Flig Balt et Len Cannon. Le maître d’équipage confirma les propositions de Vin Mod. Pas de demi-mesures… On jetterait le capitaine par-dessus le bord, après l’avoir surpris dans sa cabine, et, comme on ne pouvait compter sur Hobbes, Wiekley et Burnes, on les enverrait le rejoindre… Len