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Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/99

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QUELQUES JOURS DE NAVIGATION.

— On s’en est passé jusqu’à présent, et l’on s’en passera longtemps encore, répondit le capitaine.

— C’est que tu es resté, mon ami, le marin de l’ancienne marine de commerce…

— En effet, Hawkins, et je ne suis pas pour ces navires mixtes !… S’ils sont bien construits pour la vapeur, ils sont mal construits pour la voile, et inversement…

— En tout cas, père, dit Nat Gibson, voici là-bas une fumée qu’il ne serait pas désagréable d’avoir en ce moment à notre bord. »

Le jeune homme montrait de la main un long panache noirâtre allongé au-dessus de l’horizon du nord-ouest. On ne pouvait le confondre avec un nuage. C’était la fumée d’un steamer qui marchait rapidement dans la direction du brick. Avant une heure les deux bâtiments seraient par le travers l’un de l’autre.

La rencontre d’un navire est toujours chose intéressante à la mer. On cherche à en reconnaître la nationalité par les formes de sa coque, la disposition de sa mâture, en attendant qu’il ait hissé son pavillon en signe de salut. Harry Gibson avait donc sa longue-vue aux yeux, et, une vingtaine de minutes après que le steamer eut été signalé, il se crut en mesure d’affirmer que c’était un français.

Il ne se trompait pas, et, alors que le bâtiment n’était plus qu’à deux milles du James-Cook, le pavillon tricolore monta à la corne de sa brigantine.

Le brick répondit aussitôt en arborant le pavillon du Royaume-Uni.

Ce steamer de huit à neuf cents tonneaux, très probablement un charbonnier, devait être à destination de l’un des ports de la Nouvelle-Hollande.

Vers onze heures et demie, il se trouvait à quelques encablures