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les indes-noires.

En un mot, était-ce un autre coin de ces riches Indes-Noires dont on l’appelait à faire de nouveau la conquête ? Il voulait le croire.

La seconde lettre avait un instant dérouté ses idées à ce sujet, mais maintenant il n’en tenait plus compte. D’ailleurs, le fils du vieil overman était là, l’attendant au rendez-vous indiqué. La lettre anonyme n’avait donc plus aucune valeur.

À l’instant où l’ingénieur prenait pied sur le quai, le jeune homme s’avança vers lui.

« Tu es Harry Ford ? lui demanda vivement James Starr, sans autre entrée en matière.

— Oui, monsieur Starr.

— Je ne t’aurais pas reconnu, mon garçon ! Ah ! c’est que, depuis dix ans, tu es devenu un homme !

— Moi, je vous ai reconnu, répondit le jeune mineur, qui tenait son chapeau à la main. Vous n’avez pas changé, monsieur. Vous êtes celui qui m’a embrassé le jour des adieux à la fosse Dochart ! Ça ne s’oublie pas, ces choses-là !

— Couvre-toi donc, Harry, dit l’ingénieur. Il pleut à torrents, et la politesse ne doit pas aller jusqu’au rhume.

— Voulez-vous que nous nous mettions à l’abri, monsieur Starr ? demanda Harry Ford.

— Non, Harry. Le temps est pris. Il pleuvra toute la journée, et je suis pressé. Partons.

À vos ordres, répondit le jeune homme.

— Dis-moi, Harry, le père se porte bien ?

— Très bien, monsieur Starr.

— Et la mère ?…

— La mère aussi.

— C’est ton père qui m’a écrit, pour me donner rendez-vous au puits de Yarow ?

— Non, c’est moi.

— Mais Simon Ford m’a-t-il donc adressé une seconde lettre pour contremander ce rendez-vous ? demanda vivement l’ingénieur.

— Non, monsieur Starr, répondit le jeune mineur.

— Bien ! » répondit James Starr, sans parler davantage de la lettre anonyme.

Puis, reprenant :

« Et peux-tu m’apprendre ce que me veut le vieux Simon ? demanda-t-il au jeune homme.