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la fosse dochart

— Monsieur Starr, mon père s’est réservé le soin de vous le dire lui-même.

— Mais tu le sais ?…

— Je le sais.

— Eh bien, Harry, je ne t’en demande pas plus. En route donc, car j’ai hâte de causer avec Simon Ford. — À propos, où demeure-t-il ?

— Dans la mine.

— Quoi ! Dans la fosse Dochart ?

— Oui, monsieur Starr, répondit Harry Ford.

— Comment ! ta famille n’a pas quitté la vieille mine depuis la cessation des travaux ?

— Pas un jour, monsieur Starr. Vous connaissez le père. C’est là qu’il est né, c’est là qu’il veut mourir !

— Je comprends cela, Harry… Je comprends cela ! Sa houillère natale ! Il n’a pas voulu l’abandonner ! Et vous vous plaisez là ?…

— Oui, monsieur Starr, répondit le jeune mineur, car nous nous aimons cordialement, et nous n’avons que peu de besoins !

— Bien, Harry, dit l’ingénieur. En route ! »

Et James Starr, suivant le jeune homme, se dirigea à travers les rues de Callander.

Dix minutes après, tous deux avaient quitté la ville.


CHAPITRE IV

la fosse dochart.


Harry Ford était un grand garçon de vingt-cinq ans, vigoureux, bien découplé. Sa physionomie un peu sérieuse, son attitude habituellement pensive, l’avaient, dès son enfance, fait remarquer entre ses camarades de la mine. Ses traits réguliers, ses yeux profonds et doux, ses cheveux assez rudes, plutôt châtains que blonds, le charme naturel de sa personne, tout concordait à en faire le type accompli du Lowlander, c’est-à-dire un superbe spécimen de l’Écossais de la plaine. Endurci presque dès son bas âge au travail de la houillère, c’était, en même temps qu’un solide compagnon, une brave et bonne nature. Guidé par son