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la famille ford

L’ingénieur était bien attendu. Simon Ford, debout sur sa porte, du plus loin que la lampe d’Harry lui annonça l’arrivée de son ancien « viewer », s’avança vers lui.

« Soyez le bienvenu, monsieur James ! lui cria-t-il d’une voix qui résonnait sous la voûte de schiste. Soyez le bienvenu au cottage du vieil overman ! Pour être enfouie à quinze cents pieds sous terre, la maison de la famille Ford n’en est pas moins hospitalière !

— Comment allez-vous, brave Simon ? demanda James Starr, en serrant la main que lui tendait son hôte.

— Très bien, monsieur Starr. Et comment en serait-il autrement ici, à l’abri de toute intempérie de l’air ? Vos ladies qui vont respirer à Newhaven ou à Porto-Bello[1], pendant l’été, feraient mieux de passer quelques mois dans la houillère d’Aberfoyle ! Elles ne risqueraient point d’y gagner quelque gros rhume, comme dans les rues humides de la vieille capitale.

— Ce n’est pas moi qui vous contredirai, Simon, répondit James Starr, heureux de retrouver l’overman tel qu’il était autrefois ! Vraiment, je me demande pourquoi je ne change pas ma maison de la Canongate pour quelque cottage voisin du vôtre !

À votre service, monsieur Starr. Je connais un de vos anciens mineurs qui serait particulièrement enchanté de n’avoir entre vous et lui qu’un mur mitoyen.

— Et Madge ?… demanda l’ingénieur.

— La bonne femme se porte encore mieux que moi, si cela est possible ! répondit Simon Ford, et elle se fait une joie de vous voir à sa table. Je pense qu’elle se sera surpassée pour vous recevoir.

— Nous verrons cela, Simon, nous verrons cela ! dit l’ingénieur, que l’annonce d’un bon déjeuner ne pouvait laisser indifférent, après cette longue marche.

— Vous avez faim, monsieur Starr ?

— Positivement faim. Le voyage m’a ouvert l’appétit. Je suis venu par un temps affreux !…

— Ah ! il pleut, là-haut ! répondit Simon Ford d’un air de pitié très marqué.

— Oui, Simon, et les eaux du Forth sont agitées aujourd’hui comme celles d’une mer !

— Eh bien, monsieur James, ici, il ne pleut jamais. Mais je n’ai pas à vous


  1. Stations balnéaires des environs d’Édimbourg.