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SECOND VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

bitude de le faire, tous les renseignements qui pouvaient être utiles aux navigateurs. Sa description est aujourd’hui d’autant plus précieuse que les lieux ont complètement changé, et que les conditions de la relâche ont été modifiées par suite des travaux accomplis dans le port.

Le 23 du même mois, à la suite de rafales violentes qui avaient forcé tout le monde à se tenir sur le pont, Cook, connaissant les effets pernicieux de l’humidité dans les climats chauds, et continuellement préoccupé de maintenir son équipage en bonne santé, ordonna d’aérer l’entrepont. Il y fit même allumer du feu, afin de le fumer et de le sécher rapidement, et prit non seulement les précautions qui lui avaient été recommandées par lord Sandwich et sir Hugh Palliser, mais aussi celles qui lui étaient suggérées par l’expérience de sa précédente campagne.

Aussi, grâce à cette prévoyance de tous les instants, n’y avait-il pas un seul malade sur la Résolution lorsqu’elle arriva, le 30 octobre, au cap de Bonne-Espérance. Accompagné du capitaine Furneaux et de MM. Forster, Cook alla rendre aussitôt visite au gouverneur hollandais, le baron de Plettemberg, qui s’empressa de mettre à sa disposition toutes les ressources de la colonie. Là, il apprit que deux vaisseaux français, partis de l’île Maurice au mois de mars, avaient touché au Cap avant de se diriger vers les mers australes, où ils allaient tenter des découvertes sous le commandement du capitaine Marion.

Ce fut également pendant cette relâche, plus longue qu’on n’avait compté, que Forster rencontra le botaniste suédois, Sparmann, élève de Linné, et qu’il l’engagea à l’accompagner en lui promettant des appointements élevés. On ne saurait trop louer, en cette circonstance, le désintéressement de Forster, qui ne craignit pas de s’adjoindre un rival, et qui le paya même de ses deniers, afin de rendre plus complètes les études qu’il devait faire sur l’histoire naturelle des pays à visiter.

Le 22 novembre, l’ancre fut levée, et les deux bâtiments reprirent la route du sud, afin de se mettre à la recherche du cap de la Circoncision, découvert par le capitaine Bouvet, le 1er  janvier 1739. Comme la température ne devait pas tarder à se refroidir, Cook fit distribuer à ses matelots les vêtements chauds qui lui avaient été fournis par l’Amirauté.

Du 29 novembre au 6 décembre, une terrible tempête se déchaîna. Les bâtiments, jetés hors de leur route, furent entraînés dans l’est, à ce point qu’il fallut renoncer à chercher le cap de la Circoncision. Une autre conséquence de ce mauvais temps et du passage subit de la chaleur à l’extrême froid, fut la perte de presque tous les animaux vivants, embarqués au Cap. Enfin, l’humidité