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SECOND VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

Cook fut bientôt admis en présence du roi O-Too. Après quelques compliments, il lui offrit tout ce qu’il pensait avoir du prix à ses yeux, car il sentait combien il serait avantageux de gagner l’amitié de cet homme, dont les moindres paroles dénotaient la timidité de caractère. Grand et bien fait, ce roi pouvait avoir trente ans. Il s’informa de Tupia et des compagnons de Cook, bien qu’il n’en eût vu aucun. De nombreux présents furent ensuite distribués à ceux qui parurent les plus influents dans son entourage.

Les femmes envoyèrent aussitôt leurs domestiques « chercher de grandes pièces de leurs plus belles étoffes, teintes en écarlate, de couleur de rose ou de paille, et parfumées de leur huile la plus odorante. Elles les mirent sur nos premiers habits, et nous chargèrent si bien qu’il nous était difficile de remuer. »

Le lendemain, O-Too vint rendre visite au capitaine. Il n’entra dans le bâtiment qu’après que Cook eut été enveloppé d’une quantité considérable d’étoffes indigènes des plus précieuses, et il n’osa descendre dans l’entrepont que lorsque son frère l’eut d’abord visité. On fit asseoir le roi et sa suite pour déjeuner, et tous les indigènes s’extasièrent aussitôt sur la commodité des chaises. O-Too ne voulut goûter à aucun plat, mais ses compagnons furent loin d’imiter sa réserve. Il admira beaucoup un superbe épagneul qui appartenait à Forster et témoigna le désir de l’avoir. On le lui donna immédiatement, et il le fit dès lors porter derrière lui par un des seigneurs de sa suite. Après le déjeuner, le commandant reconduisit lui-même dans sa chaloupe O-Too, à qui le capitaine Furneaux avait fait présent d’une chèvre et d’un bouc. Pendant une excursion qu’il fit dans l’intérieur, M. Pickersgill rencontra la vieille Obéréa, qui avait montré tant d’attachement à Wallis. Elle semblait avoir perdu toutes ses dignités, et elle était si pauvre qu’elle fut dans l’impossibilité de faire un présent à ses amis.

Lorsque Cook partit, le 1er  septembre, un jeune Taïtien, nommé Poreo, lui demanda la faveur de l’accompagner. Le commandant y consentit dans l’espoir qu’il pourrait lui être utile. Au moment où il vit disparaître la terre à l’horizon, Poréo ne put retenir ses larmes. Il fallut que les officiers le consolassent en l’assurant qu’ils lui serviraient de pères.

Cook se dirigea alors vers l’île d’Huaheine, qui n’était pas éloignée de plus de vingt-cinq lieues, et y mouilla le 3 au matin. Les insulaires apportèrent quantité de grosses volailles ; elles firent d’autant plus de plaisir, qu’il avait été impossible de s’en procurer à Taïti. Bientôt affluèrent sur le marché les cochons, les chiens et les fruits, qu’on échangea avec avantage pour des haches, des clous et de la verroterie.

Cette île, comme Taïti d’ailleurs, présentait des traces d’éruptions volcani-