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LES NAVIGATEURS FRANÇAIS.

Nous passerons sous silence les observations que le navigateur Français fit sur les habitants et les productions de la Nouvelle-Zélande, car elles feraient double emploi avec celles de Cook.

Surville, convaincu qu’il ne pourrait pas se procurer les vivres dont il avait besoin, reprit la mer quelques jours après, et fit route par 27 à 28° de latitude sud ; mais le scorbut, qui faisait tous les jours de nouveaux ravages, le détermina à gagner au plus vite la côte du Pérou. Il l’aperçut le 5 avril 1770, et, trois jours plus tard, il jetait l’ancre devant la barre de Chilca, à l’entrée du Callao.

Dans son empressement à descendre à terre pour procurer des secours à ses malades, Surville ne voulut confier à personne le soin d’aller voir le gouverneur. Par malheur, son embarcation fut renversée par les lames qui brisaient sur la barre, et un seul des matelots qui la montaient put se sauver. Surville et tous les autres furent noyés.

Ainsi périt misérablement cet habile navigateur, trop tôt pour les services qu’il était en état de rendre à la science et à sa patrie. Quant au Saint-Jean-Baptiste, il fut retenu « pendant trois années » devant Lima, par les délais interminables des douanes espagnoles. Ce fut Labbé qui en prit le commandement et le ramena Lorient, le 23 août 1773.

Comme nous l’avons raconté précédemment, M. de Bougainville avait conduit en Europe un Taïtien du nom d’Aoutourou. Lorsque cet indigène manifesta le désir de revoir sa patrie, le gouvernement français l’avait envoyé à l’île de France, avec l’ordre aux administrateurs de cette colonie de lui faciliter son retour à Taïti.

Un officier de la marine militaire, Marion-Dufresne, saisit avec empressement cette occasion et vint proposer à Poivre, intendant des îles de France et de Bourbon, de transporter, à ses frais et sur un bâtiment qui lui appartenait, le jeune Aoutourou à Taïti. Il demandait seulement qu’un navire de l’État lui fût adjoint, et qu’on lui avançât quelque argent pour l’aider dans les préparatifs de l’expédition.

Nicolas-Thomas Marion-Dufresne, né à Saint-Malo le 22 décembre 1729, était entré fort jeune dans la marine. Nommé le 16 octobre 1746 lieutenant de frégate, il n’était encore que capitaine de brûlot à cette époque. Il avait cependant servi partout avec distinction, mais nulle part avec plus de bonheur que dans les mers de l’Inde.

La mission qu’il s’offrait à remplir n’était pour lui que le prétexte d’un voyage de découvertes qu’il voulait faire dans les mers océaniennes. Au reste, ces