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LES PRÉCURSEURS DU CAPITAINE COOK.

d’une très vilaine apparence, mais qui n’en étaient pas moins extrêmement rapides. Les femmes montaient à cheval comme les hommes, sans étriers, et tous galopaient sur le rivage de la mer, bien qu’il fût semé de très grosses pierres excessivement glissantes.

Cette entrevue fut amicale. Byron distribua à cette race de géants une foule de babioles, des rubans, de la verroterie et du tabac.

Aussitôt qu’il eut rallié le Dauphin, Byron entra avec le flot dans le détroit de Magellan. Il n’avait pas l’intention de le traverser, mais voulait seulement y chercher un havre sûr et commode où il pût faire de l’eau et du bois, avant de se remettre à la recherche des îles Falkland.

Au sortir du second goulet, Byron releva les îles Sainte-Élisabeth, Saint-Barthélemy, Saint-Georges, la pointe Sandy. Près de cette dernière, il rencontra un pays délicieux, des sources, des bois, des prairies émaillées de fleurs qui répandaient dans l’air un parfum exquis. Le paysage était animé par des centaines d’oiseaux, dont une espèce reçut le nom « d’oie peinte », que lui valut son plumage nuancé des plus brillantes couleurs. Mais nulle part on ne rencontra un endroit où le canot pût accoster sans courir les plus grands dangers. Partout l’eau était très basse et la mer brisait avec force. Des poissons, et notamment de magnifiques mulets, des oies, des bécasses, des sarcelles et beaucoup d’autres oiseaux d’un excellent goût furent pêchés ou tués par les équipages.

Byron fut donc forcé de continuer sa route jusqu’au port Famine, où il arriva le 27 décembre.

« Nous étions, dit-il, à l’abri de tous les vents, à l’exception de celui du S.-E. qui souffle rarement, et si un vaisseau venait à chasser en côte dans l’intérieur de la baie, il n’y recevrait aucun dommage, parce qu’il y règne un fond doux. Il flotte le long des côtes une quantité de bois assez considérable pour en charger aisément mille vaisseaux, de sorte que nous n’étions point dans le cas d’en aller couper dans la forêt. »

Au fond de cette baie débouche une rivière, la Sedger, dont l’eau est excellente. Ses bords sont plantés de grands et superbes arbres, propres à faire d’excellents mâts. Sur leurs branches perchaient une multitude de perroquets et autres oiseaux au plumage étincelant. Dans ce port Famine, l’abondance ne cessa de régner pendant tout le séjour de Byron.

Le 5 janvier 1765, aussitôt que ses équipages furent complètement remis de leurs fatigues, et les navires approvisionnés, le commodore reprit la recherche des îles Falkland. Sept jours plus tard, il découvrait une terre dans laquelle il