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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

crut reconnaître les îles de Sebald de Weert ; mais, en s’en approchant, il s’aperçut que ce qu’il avait pris pour trois îles n’en formait qu’une seule, qui s’étendait au loin dans le sud. Il ne douta pas qu’il ne fût en présence de l’archipel marqué sur les cartes de cette époque sous le nom de New-Islands, par 51° de latitude S. et 63° 32′ de longitude O.

Tout d’abord, Byron tint le large, car il importait de ne pas être jeté par des courants sur une côte qu’il ne connaissait pas. Puis, après ce relevé sommaire, une embarcation fut détachée, afin de suivre la côte de plus près et d’y chercher un havre sûr et commode, qu’elle ne tarda pas à rencontrer. Il reçut le nom de port Egmont, en l’honneur du comte d’Egmont, alors premier lord de l’Amirauté.

« Je ne pense pas, dit Byron, qu’on puisse trouver un plus beau port ; le fond est excellent, l’aiguade est facile, tous les vaisseaux de l’Angleterre pourraient y être mouillés à l’abri de tous les vents. Les oies, les canards, les sarcelles s’y trouvaient en telle abondance, que les matelots étaient las d’en manger. Le défaut de bois est ici général, à l’exception de quelques troncs d’arbres qui flottent le long des côtes et qui y sont portés vraisemblablement du détroit de Magellan. »

L’oseille sauvage, le céleri, ces excellents anti-scorbutiques, se rencontraient de tous côtés. Le nombre des loups et des lions marins, ainsi que celui des pingouins, était si considérable, qu’on ne pouvait marcher sur la grève sans les voir fuir en troupes nombreuses. Des animaux semblables au loup, mais qui avaient plutôt la figure du renard, sauf la taille et la queue, attaquèrent plusieurs fois les matelots, qui eurent toutes les peines du monde à se défendre. Il ne serait pas facile de dire comment ils sont venus en cette contrée, éloignée du continent d’au moins cent lieues, ni dans quel endroit ils trouvent un refuge, car ces îles ne produisent, en fait de végétaux, que des joncs, des glaïeuls et pas un seul arbre.

Le récit de cette partie du voyage de Byron ne forme, dans la biographie Didot, qu’un tissu inextricable d’erreurs. « La flottille, dit M. Alfred de Lacaze, s’engagea, le 17 février, dans le détroit de Magellan, mais fut forcée de relâcher près du port Famine dans une baie qui prit le nom de port Egmont… » Confusion singulière, qui démontre la légèreté avec laquelle sont parfois rédigés les articles de cet important recueil.

Byron prit possession du port Egmont et des îles adjacentes, appelées Falkland, au nom du roi d’Angleterre. Cowley leur avait donné le nom d’îles Pepys, mais, suivant toute probabilité, le premier qui les ait découvertes est le capitaine