Page:Verne - Maître du monde, Hetzel, 1904.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
hors la loi

M. Ward avait précisément sous les yeux la lettre publiée par les journaux, non point le fac-similé, mais l’original lui-même, qui avait été déposé dans la boîte de l’Hôtel.

« Vous savez quelque chose de nouveau, Strock ?…

— Jugez-en, monsieur Ward !… »

J’avais tiré de ma poche la lettre aux initiales.

M. Ward la prit, il en examina le recto, et, avant de la lire :

« Qu’est-ce que cette lettre ?… dit-il.

— Une lettre signée d’initiales, comme vous pouvez le voir…

— Et où avait-elle été mise à la poste ?

— Au bureau de Morganton, dans la Caroline du Nord…

— Quand l’avez-vous reçue ?…

— Le 13 juin dernier… il y a un mois environ…

— Qu’avez-vous pensé tout d’abord ?…

— Qu’elle avait été écrite par un mauvais plaisant…

— Et… aujourd’hui… Strock ?…

— Je pense ce que vous penserez, sans doute, monsieur Ward, après en avoir eu connaissance. »

Mon chef reprit la lettre et la lut jusqu’à la dernière ligne.

« Elle a pour signature trois initiales ?… observa-t-il.

— Oui, monsieur Ward, et ces initiales sont celles des trois mots « Maître du Monde », du fac-similé…

— Dont voici l’original, répondit M. Ward en se levant.

— Il est évident, ajoutai-je, que les deux lettres sont de la même main…

— De la même main, Strock…

— Vous voyez, monsieur Ward, quelles menaces me sont adressées, si je faisais une seconde tentative pour pénétrer dans le Great-Eyry…

— Oui… des menaces de mort !… Mais, Strock, il y a un mois