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maître du monde

que vous avez reçu cette lettre… Pourquoi ne pas me l’avoir montrée plus tôt ?…

— Parce que je n’y attachais aucune importance… Aujourd’hui, après celle venue de l’Épouvante, il m’a bien fallu la prendre au sérieux…

— En quoi je vous approuve, Strock… Le fait me paraît grave, et je me demande s’il ne serait pas de nature à nous mettre sur la piste de cet étrange personnage…

— C’est aussi ce que je me suis demandé, monsieur Ward…

— Seulement… quel rapport peut-il exister entre l’Épouvante et le Great-Eyry ?…

— À cela je ne sais que répondre, et je ne puis l’imaginer…

— Il n’y aurait qu’une explication, reprit M. Ward, en vérité peu admissible, pour ne pas dire impossible…

— Et laquelle ?…

— Ce serait que le Great-Eyry fût précisément le lieu, choisi par l’inventeur, où il remise son matériel…

— Par exemple !… m’écriai-je. Et de quelle façon y entrerait-il… en sortirait-il ?… Après ce que j’ai vu, monsieur Ward, votre explication est inacceptable…

— À moins que, Strock…

— À moins que ?… répétai-je.

— Que l’appareil de ce Maître du Monde n’ait aussi des ailes qui lui permettraient d’aller nicher dans le Great-Eyry !… »

À l’idée que l’Épouvante serait capable de rivaliser avec les vautours et les aigles, je ne pus retenir un vif mouvement d’incrédulité, et assurément M. Ward ne s’arrêta point à cette hypothèse.

D’ailleurs, il avait repris les deux lettres, il les comparait de nouveau, il en examinait l’écriture au moyen d’une petite loupe, il constatait leur parfaite ressemblance. Non seulement la même main, mais la même plume les avait tracées… Et puis, cette