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maître du monde

celles de l’est du côté de l’État de New-York, ni celles de l’ouest du côté des territoires canadiens.

À cet instant, deux hommes étaient sur le pont, l’un à l’avant, observant la marche, l’autre à l’arrière, maintenant la barre en direction du nord-est, ainsi que je le jugeai à la position du soleil. Le premier était celui que j’avais reconnu pour un des espions de Long-Street, alors qu’il remontait la grève de Black-Rock.

Le second, c’était celui qui portait le fanal pendant la visite au petit bois.

Je cherchai vainement le troisième qu’ils avaient appelé « capitaine » à leur retour à bord… Je ne le vis pas.

On comprendra le désir que j’éprouvai de me trouver en présence de ce créateur du prodigieux appareil, de ce commandant de l’Épouvante, le fantastique personnage dont s’occupait et se préoccupait le monde entier, l’audacieux inventeur qui ne craignait pas d’entrer en lutte avec l’humanité, et se proclamait Maître du Monde !…

J’allai à l’homme de l’avant et, après une minute de silence, je lui dis :

« Où est le capitaine ?… »

Cet homme me regarda, les yeux à demi-fermés. Il ne semblait pas me comprendre, et je savais, pour l’avoir entendu la veille, qu’il parlait l’anglais.

D’ailleurs, — une remarque que je fis, — il ne parut point s’inquiéter de me voir hors de la cabine. Et, après m’avoir tourné le dos, il se remit à observer l’horizon.

Je revins alors vers l’arrière, décidé à faire la même question au sujet du capitaine. Dès que je fus en face du timonier, celui-ci m’écarta de la main, et je n’obtins aucune réponse.

Il ne me restait donc plus qu’à attendre l’apparition de celui qui nous avait accueillis à coups de revolver, lorsque, mes com-