Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

119
avant, pendant et après le jugement.

le tiroir du bureau de ma chambre, puisque c’est là que les agents l’ont saisie ! »

C’était, en effet, inexplicable. Que le billet eût été trouvé au cou du pigeon qui le portait, qu’il eût été copié avant d’être renvoyé à son destinataire, que la maison où demeurait ce destinataire eût été découverte, tout cela pouvait et devait s’admettre, en somme. Mais que la phrase cryptographiée eût été reconstruite sans l’instrument qui avait servi à la former, c’était incompréhensible.

« Et pourtant, reprit le comte Sandorf, ce billet a été lu, nous en avons la certitude, et il n’a pu l’être qu’au moyen de la grille ! C’est ce billet qui a mis la police sur les traces du complot, et c’est sur lui seul qu’a reposé toute l’accusation !

— Peu importe, après tout ! répondit Étienne Bathory.

— Il importe, au contraire, s’écria le comte Sandorf. Peut-être avons-nous été trahis ! Et s’il y a eu un traître… ne pas savoir… »

Le comte Sandorf s’arrêta. Le nom de Sarcany venait de s’offrir à son esprit ; mais il repoussa cette pensée, loin, bien loin, sans même vouloir la communiquer à ses compagnons.

Mathias Sandorf et ses deux amis continuèrent à parler ainsi de tout ce qu’il y avait d’inexplicable