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avant, pendant et après le jugement.

— Vos remerciements me suffisent, messieurs », répondit le gardien, qui ne cachait point son émotion.

Ce brave homme ne tarda pas à apporter tout ce qu’il fallait pour écrire. Les condamnés passèrent une partie du jour à prendre leurs dernières dispositions. De la part du comte Sandorf, ce fut tout ce que le cœur d’un père pouvait donner de conseils pour cette petite fille qui allait rester orpheline ; de la part d’Étienne Bathory, tout ce qu’un époux et un père pouvait témoigner d’amour dans les adieux adressés à une femme et à un fils ; de la part de Ladislas Zathmar, tout ce qu’éprouvait un maître pour un vieux serviteur, son dernier ami.

Mais, pendant cette journée, si absorbés qu’ils fussent, que de fois les prisonniers prêtèrent l’oreille ! Que de fois, ils cherchèrent à entendre si quelque bruit lointain ne se glissait pas à travers les couloirs du donjon. Que de fois, il leur sembla que la porte de cette cellule allait s’ouvrir, qu’il leur serait permis d’étreindre dans un dernier embrassement une femme, un fils, une fille ! C’eût été une consolation. Mais, en vérité, peut-être valait-il mieux qu’une impitoyable consigne, en les privant de ce suprême adieu, leur épargnât cette scène déchirante !

La porte ne s’ouvrit pas. Sans doute, ni Mme Ba-