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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/157

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le donjon de pisino.

repos ou haleine, il n’y en avait plus. Tous deux étaient abandonnés au ballant de cette chaîne oscillante qui leur déchirait les mains. Ils descendaient, les genoux serrés, sans pouvoir se retenir, pendant que des balles sifflaient à leurs oreilles.

Pendant une minute, sur une longueur de plus de quatre-vingts pieds, ils s’affalèrent, ainsi, se demandant si cet abîme, dans lequel ils s’engouffraient était sans fond. Déjà des mugissements d’une eau furieuse se propageaient au-dessous d’eux. Ils comprirent alors que le conducteur du paratonnerre aboutissait à quelque torrent. Mais que faire ? Ils eussent voulu remonter en se hissant le long du câble, que la force leur eût manqué pour regagner la base du donjon. D’ailleurs, mort pour mort, mieux valait encore celle qui les attendait dans ces profondeurs.

En ce moment, un effroyable coup de foudre éclata au milieu d’une intense lueur électrique. Bien que la tige du paratonnerre n’eût point été directement frappée sur le faîte du donjon, la tension du fluide fut telle, cette fois, que le conducteur rougit à blanc à son passage, comme un fil de platine sous la décharge d’une batterie ou d’une pile.

Étienne Bathory, jetant un cri de douleur, lâcha prise.