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le torrent de la foïba.

« Je pense qu’on fera aussi des recherches dans les salines de Pirano et de Capo d’Istria, reprit le brigadier. On peut s’y cacher plus facilement, puis s’emparer d’une barque et traverser l’Adriatique en se dirigeant sur Rimini ou sur Venise.

— Bah ! Ils auraient mieux fait d’attendre tranquillement dans leur cellule ! répondit philosophiquement un des gendarmes.

— Oui, ajouta l’autre, puisque, tôt ou tard, on les reprendra, si on ne les repêche pas dans le Buco ! Ce serait fini, maintenant, et nous n’aurions pas à courir le pays, ce qui est dur par cette chaleur !

— Et qui dit que ce n’est pas fini ? répliqua le brigadier. La Foïba s’est peut-être chargée de l’exécution, et les condamnés ne pouvaient pas choisir, au moment des crues, une plus mauvaise route pour s’enfuir du donjon de Pisino ! »

La Foïba, c’était le nom de cette rivière qui avait emporté le comte Sandorf et son compagnon ! La forteresse de Pisino, c’était là qu’ils avaient été conduits, après leur arrestation, emprisonnés, jugés, condamnés ! C’était là qu’ils devaient être passés par les armes ! C’était de son donjon qu’ils venaient de s’échapper ! Le comte Sandorf la connaissait bien, cette ville de Pisino ! Il était donc enfin fixé