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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/224

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mathias sandorf.

— Fuis, Mathias ! répéta Étienne Bathory, et vis pour faire justice des traîtres ! »

Les dernières paroles d’Étienne Bathory furent comme un ordre pour le comte Sandorf. À lui allait incomber maintenant l’œuvre des trois, — à lui seul. Le magnat de la Transylvanie, le conspirateur de Trieste, le compagnon d’Étienne Bathory et de Ladislas Zathmar, devait faire place au justicier !

À ce moment, les agents, qui avaient atteint l’extrémité de l’enclos, se jetèrent sur le blessé. Le comte Sandorf allait tomber entre leurs mains, s’il hésitait, ne fût-ce qu’une seconde !

« Adieu, Étienne, adieu ! » s’écria-t-il.

Et d’un bond prodigieux, il franchit le ruisseau, dont le cours longeait la haie, puis disparut.

Cinq ou six coups de fusil furent tirés dans cette direction ; mais les balles ne touchèrent pas le fugitif, qui, se jetant de côté, courut rapidement vers la mer.

Les agents, cependant, étaient à ses trousses. Ne pouvant l’apercevoir dans l’ombre, ils ne songèrent point à gagner directement sur lui. Ils se dispersèrent, afin de lui couper toute retraite, aussi bien vers l’intérieur du pays que du côté de la ville et du promontoire qui ferme la baie au nord de Rovigno. Une brigade de gendarmes était venue à leur aide et