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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/225

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derniers efforts dans une dernière lutte.

manœuvra de façon à ce que le comte Sandorf n’eût plus d’accès que vers le littoral. Mais là, à la lisière des récifs, que ferait-il ? Parviendrait-il à s’emparer d’un canot pour se lancer en pleine Adriatique ? Il n’en aurait pas le temps, et, avant d’avoir même pu le démarrer, il serait tombé sous les balles. Toutefois, il avait bien compris que la retraite allait lui être coupée dans la direction de l’est. L’éclat des coups de feu, les cris que jetaient les agents et les gendarmes en se rapprochant, lui indiquaient qu’il était déjà cerné en arrière de la grève. Il ne pouvait donc fuir que vers la mer et par la mer. C’était sans doute courir à une mort certaine ; mais mieux valait encore la trouver dans les flots que de l’attendre devant le peloton d’exécution sur la place d’armes de la forteresse de Pisino.

Le comte Sandorf s’élança donc vers le rivage. En quelques bonds, il eut atteint les premières petites lames que le ressac promenait sur le sable. Il sentait déjà les agents derrière lui, et des balles, tirées au juger, lui rasaient parfois la tête.

Au-delà de la grève, ainsi que cela se voit sur tout ce littoral de l’Istrie, un semis d’écueils, formé de roches isolées, pointait çà et là en dehors de la grève. Entre ces roches, de nombreuses flaques d’eau remplissaient les creux du sable, — ceux-ci