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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/243

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pescade et matifou.

Tous deux étaient acrobates de leur métier et couraient les foires. Matifou ou Cap Matifou, — on le nommait ainsi, — luttait dans les arènes, faisait tous les exercices de force, pliait des barres de fer sur son cubitus, enlevait à bras tendus les plus lourds de la société, jonglait avec son jeune compagnon comme il eût fait d’une bille de billard. Pescade ou Pointe Pescade, — comme on l’appelait communément, — paradait, chantait, « bouffonnait », amusait le public par ses saillies de pitre jamais à court, et l’étonnait par ses tours d’équilibriste dont il se tirait adroitement, quand il ne l’émerveillait pas par ses tours de cartes, dans lesquels il en eût remontré aux plus habiles prestidigitateurs, se chargeant de gagner les plus malins à n’importe quels jeux de calcul ou de hasard.

« J’ai passé mon « baccaralauréat », répétait-il volontiers.

Mais « pourquoi, me direz-vous ? » — une locution familière de Pointe Pescade — pourquoi, ce jour-là, sur le quai de Gravosa, ces deux pauvres diables se voyaient-ils abandonnés des spectateurs au profit des autres baraques ? Pourquoi la maigre recette, dont ils avaient tant besoin, menaçait-elle de leur manquer ? C’était vraiment inexplicable.

Cependant, leur langage, — un agréable mélange