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le docteur antékirtt.

Suez, l’Afrique, depuis Suez jusqu’aux confins de la Tunisie, la Mer Rouge, sur tout le littoral arabique, ne cessaient de répéter son nom, comme celui d’un homme extraordinaire dans les sciences naturelles, une sorte de gnostique, de taleb, qui possédait les derniers secrets de l’univers. Au temps du langage biblique, il aurait été appelé Épiphane. Dans les contrées de l’Euphrate, on l’eut révéré comme un descendant des anciens Mages.

Qu’y avait-il de surfait dans cette réputation ? Tout ce qui voulait faire de ce Mage un magicien, tout ce qui lui attribuait un pouvoir surnaturel. La vérité est que le docteur Antékirtt n’était qu’un homme, rien qu’un homme, très instruit, d’un esprit droit et solide, d’un jugement sûr, d’une extrême pénétration, d’une merveilleuse perspicacité, et qui avait été remarquablement servi par les circonstances. En effet, dans une des provinces centrales de l’Asie Mineure, il avait pu garantir toute une population d’une épidémie terrible, jugée jusque-là contagieuse, et dont il avait trouvé le spécifique. De là une renommée sans égale.

Ce qui contribuait à lui donner cette célébrité tenait principalement à l’impénétrable mystère qui entourait sa personne. D’où venait-il ? On l’ignorait. Quel avait été son passé ? On ne le savait pas davan-